Puzzle transfrontalier II
Marion Renauld, France
15 février 2021
Un bonjour pourrait être un aussi bon début, ou même un au revoir qui marque le départ. Salut au démarrage et promesse de salut dans l’ultime outre-tombe. Idem avec l’issue, l’origine ou la fin, pardi d’où il s’ensuit que nous entrons d’où nous sortons.
Pourquoi, mais pourquoi diable avons-nous découpé en autant de pays et de propriétés et de quelle manière, à qui est le couteau qui tranche dans le gras et sur quel tablier essuyons-nous la lame et quel en est le charme et qui l’aiguise enfin et comment c’est possible d’être aussi précis, de ne pas dépasser, de s’arrêter tout net et de dire Voilà, c’est ici et comme ça et nullement ailleurs et tes cliques et tes claques, tu les mets où il faut mais pas à l’entre-deux sinon ça va saigner, peut-être symétrique mais plus jamais intègre, c’est quoi d’être obligé de se revendiquer d’un camp plutôt qu’un autre et d’avoir à se battre et à se protéger, d’avoir à faire barrage et d’avoir à faire bloc alors que nous avons sciemment tout coupé, morcelé, déchiré, démembré, distingué, cherchant encore la voie pour, allons-y gaiement, n’ayons pas peur des mots, brandissons l’espérance, cherchant encore la voie pour qu’une différence fût signe d’élégance, parce que si nous trouvons, plus nous découperons le tas de gras informe, plus nous spécifierons jusqu’à chaque cellule, chaque atome, éon, ion, plus nous aurons de joie, c’est un pari risqué mais voilà ce qu’il reste : ou recoudre et tisser ou mieux apprécier chaque étrangeté.
Puzzle transfrontalier est un poème que j’ai écrit en novembre 2020, en réponse à l’invitation de Manuela Irarrázabal pour le premier numéro de la revue Espacio Fronterizo. C’est un poème frappé à la machine à écrire, sans retouche ni brouillon, composé de 13 pièces et de 21 cailloux de diverses provenances, formant 9 textes qui se répondent les uns les autres en poursuivant des questions d’espace, de mouvement, d’apprivoisement de nos différences. L’ensemble du puzzle s’étale sur une feuille de papier carrée de 56 centimètres de côté. Je l’ai envoyé par la Poste à Manuela dans une petite boîte bleue, joignant une sorte de mode d’emploi pour sa reconstitution. Passant de la France à l’Angleterre, il a donc déjà voyagé dans la réalité et se retrouve publié sur le site de la revue par morceaux successifs.
Vous pouvez voir la pièce de puzzle précédente ici et la prochaine ici.
Puzzle transfrontalier is a poem I wrote in November 2020, as a reply to the invitation by Manuela Irarrázabal to participate in the first issue of the journal Espacio Fronterizo. The poem has been typewritten, without modification or rough draft, composed of 13 pieces and 21 stones from diverse origins, presenting 9 texts that match each other, in the pursuit of those questions about the space, movement, taming of our differences. The whole puzzle takes place on a squared sheet of paper 56 centimetres per side. I sent it by post to Manuela in a blue little box with some instructions on how to rebuild it. From France to England, therefore, it already travelled through reality and is now being published on the website of the journal in consecutive pieces.
You can see the previous piece here, and the next one here.
Puzzle transfrontalier es un poema que escribí en noviembre de 2020, en respuesta a la invitación de Manuela Irarrázabal a participar en el primer número de la revista Espacio Fronterizo. El poema fue escrito a máquina, sin modificación ni borrador, y está compuesto de 13 piezas y 21 piedras de diversa procedencia, conformando 9 textos que se corresponden entre sí, persiguiendo preguntas sobre el espacio, el movimiento, y la domesticación de nuestras diferencias. El puzzle completo se extiende sobre una hoja cuadrada de 56 centímetros por lado. Lo envié a Manuela por correo postal en una pequeña caja azul con algunas instrucciones para reconstruirlo. De Francia a Inglaterra, entonces, ya ha viajado por la realidad y ahora es publicado en el sitio de la revista en piezas consecutivas.
Puedes ver la pieza anterior del puzzle aquí, y la posterior aquí.