J’ai traversé la frontière. Approche photographique
Nikita Fedrov, France
14 décembre 2022
A la marge de la manifestation des employés des hôpitaux de Paris, Paris, 2020.
Pour Platon la beauté est une idée d’ordre divine, éternelle et universelle et elle ne peut pas être souillée ; Ainsi l’axiome est posé, il est repris par les 3 religions monothéistes et par les différents penseurs et philosophes jusqu’ à nos jours.
Le « beau » et le « bon » sont les piliers des pensées religieuses et idéalistes, c’est une vertu pour chaque individu de la société. Les gardiens du temple avec la bénédiction du souverain ont établi des standards à respecter toujours avec une contrainte matérielle ou morale. Dans nos sociétés modernes, pour les plus jeunes citoyens, dans les écoles, on a introduit des cours d’esthétique et du canon du beau. A la télé et à travers les autres moyens de communication, on a introduit des modèles “mannequins” dans les mœurs. La société est devenue conditionné et a la foi complice de son sort et elle impose des sanctions à tout sujet qui ose repenser le « beau » ou le mettre en doute, car « socialement, ce n’est pas correcte » ou « cela manque de gout » jusqu’à « perturbation d’ordre public ».
L’artiste ne s’y soustrait pas, à la merci du souverain et du rentier autrement de la société, parfois il se soumet aux règles et aux frontières de ses actions, et comme la vie n’est pas toujours belle et bonne, il est contraint de la rendre plus belle dans ces œuvres. De bon gré mal gré, il participe à conforter l’intellect et à ne pas chercher la vérité au-delà des frontières préétablies, c’est « caresser dans le sens du poil».
La photographie a ses standards, dans le domaine du nu elle a vénéré le sexy, dans l’architecture elle a respecté l’harmonie et la douceur des lignes, dans le domaine du quotidien elle a représenté dans la rue “la joie de vivre”, ainsi on dirait que toute les femmes ont la taille 36 et des fortes poitrines.
En tant que photographe du quotidien, de la rue je transgresse ces frontières, j’essaye de me libérer de ces chaînes culturelles et d’aller chercher ma vérité à moi selon mes aspirations et avec mes inspirations (il n y a pas une seule vérité, elle est sociale). L’homme et la femme se forgent dans les relations sociales, ils existent par ce qu’ils agissent, mon but et de retranscrire leur essence, leur devenir et leur préoccupation à travers leur regard et leurs gestuels ; plus que réaliste, j’essaie d’être existentialiste dans mon approche photographique, ainsi le « beau » est secondaire pour moi, la beauté est dans ces visages taillés par le temps et les expériences de la vie c’est-à-dire le vecu.
Le rôle du photographe de la rue est de démolir le mur de la « joie de vivre » et de montrer la dure réalité reflétés sur les photos et ainsi ne pas éviter de choquer certains car l’art n’est pas éphémère(frivole)en revanche, il est le miroir de la société et il doit participer à son évolution, par conséquent la complaisance est en faveur d’aliénation massive. Ici alors avec la contre-cultureon espère que l’hégémonie du beau tombe comme un château de cartes. C’est un mythe.
Ainsi j’ai traversé ma frontière, … je suis un « outsider ».
Refugee day, Paris, 2020.
Refugee day, Paris, 2020.
Manif justice pour Julie (La leader de Femen France), Paris, 2021.
8 mars, Paris, 2021.
Manif juste pour Adama, Beaumont-Sur-Oise, 2020.
Manif des colombiens à la Place de la République contre la violences de la police colombiennes , Paris, 2021.
1er Mai, Paris, 2021.
Un gilet Jaune, Paris, 2021.
Pendant 5 ans, et chaque samedi ou dimanche j’ai arpenté les rues de Paris (la ville que j’aime mais autrement), j’ai suivi presque toutes les manifestations et les événements à la recherche de ces regards que je cherche, sans oublier d’aller au contacte et d’aborder les personnes qui pourraient être porteurs de messages. Avec mes remerciements.