à PROPOS DE L'ESPACE-FRONTIÈRE
Frontière et limite ne sont pas identiques. La distinction tend cependant à s’effondrer avec la construction de murs de bordure. La limite est une abstraction, dépourvue d’espace. La frontière, en revanche, parallèle et adjacente à la limite, a une extension et elle se compose de passages subséquents qui permettent la circulation humaine. Ceux-ci / Ces passages peuvent être des ponts, une route, une gorge ou un port. En partie, il y a une question d’échelle : la frontière, la vraie, pas celle sur une carte, est une bande de ‘no man’s land’, également appelée espace-frontière. Ce qui, sur le papier, semble être une ligne tracée avec précision, sur le sol est une zone diffuse, imprécise et vagabonde. En partie, il y a une question de perspective : ceux qui vivent dans les villes frontalières connaissent bien le caractère diffus de la frontière, qui n’a rien à voir avec les idées de ceux qui la dessinent des capitales. Plus qu’une juxtaposition territoriale, c’est l’affirmation répétée que quitter un pays n’implique pas nécessairement et immédiatement entrer dans un autre.
La démarcation des frontières établit des formes de flux, de discrimination et de contrôle. Son agencement est soigneusement conçu pour protéger les différences, réguler les interactions et permettre (ou non) l’intégration des pays voisins. Les frontières sont des espaces controversés, disputés et belliqueux. Certains cherchent à les éviter, d’autres y sont indifférents. Qu’importe au ‘Gaucho’ de Patagonie s’il est au Chili ou en Argentine. Pour certains, le transit par la zone frontalière peut constituer une expérience d’incertitude, de ne pas savoir comment sera l’accueil’ de l’autre côté. Cela peut aussi être une expérience de liberté, de non-appartenance ou de transition.
Sur quelques mètres, la surveillance et le contrôle sont suspendus, les catégories et les claissfications s’affichent dans leur artificialité qui ne s’appliquent guère au terrain.
Espace-frontière est un magazine indépendant et en libre accès pour toutes les écritures frontalières et transitoires, quelles que soient les catégorisations et les origines. Les catégories formelles telles que ‘prose’, ‘fiction’, ‘autobiographie’, ‘critique’ et ‘revue’ sont parcourues et transférées avec aisance et aplomb. Les écrits sont transitoires, issus de tâches et de métiers différents, emportant avec eux la trajectoire et la curiosité de l’exploration des frontières. Notre objectif est d’offrir une plateforme de publication à tous ceux dont le travail se situe dans l’espace large et libre de la frontière.